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lundi 21 mars 2011

Djerba: Histoire

Préhistoire :
Djerba, qui était vraisemblablement habitée déjà avant le néolithique, acquit vite
une position privilégiée dans la petite Syrte (actuel golfe de Gabès) . Les primitifs qui
la peuplaient étaient pour la plupart de souche méditerranéenne. Ils étaient
probablement des descendants directs des Capsiens. Ce peuple, l'ancêtre des Berbères
(à ne pas confondre avec Barbare), fonda a l'époque paléolithique (8.000 a 1.000 ans
av. J.C.) une brillante civilisation, dont les vestiges - foyers de feu, remmadya et silex
- sont encore présents au Chott El Jerid, dans la région de Gafsa en particulier. Il
s'avère que la civilisation capsienne a donne aux générations successives, les Berbères,
plus d'un élément cultuel et culture.

En ce qui concerne le peuple berbère qui habitait la Syrte, il vivait au départ de
chasse et de pêche. Mais ces berbères qui paraissaient avoir joui d'un  haut degré
d'évolution, ont apprit aussi à cultiver des céréales surtout de l'orge, à confectionner
des vêtements, à tisser des étoffes, à fabriquer de la poterie... Ils parlaient leur langue,
le berbère, et précisément Echelha. Cette langue - le berbère - assimilée aux langues
chamito-sémitiques, possède une écriture syllabique de caractères géométriques, le
Tifriagh. Quant a leurs croyances religieuses primitives, elles relevaient de l'animisme
et de la magie.
 Antiquité :
Depuis la haute antiquité, notre île était une terre d'accueil connue. Elle avait
reçu moult visiteurs : Grecs, Phéniciens et autres. Mais le plus célèbre  fut le roi
d'Ithaque, Ulysse. Celui-ci, ballote par la tempête, découvrit au 8eme siècle av. J.C.,
fortuitement, l'île enchanteresse des Lotophages.
Cette histoire est longuement et savoureusement  contée dans l'Odyssée par le grec
Homère:

"Pousse par les forces du dieu Eole, Ulysse tira les nefs
fatiguées sur le sable  fin de l'île des Lotophages. A peine
arrive et débarque, et après avoir satisfait faim et soif, Ulysse
envoie des hommes reconnaître les lieux. Mais a peine en
chemin, ses envoyés se lient avec des Lotophages qui, loin de méditer le meurtre de ces étrangers, leur servent du lotos. Et  aussitôt qu'ils eurent  mange de ce fruit,  quelques-uns oublièrent tout ce qui n'était pas cette île. Ulysse eut du mal à rassembler ses marins mêlés a la population de l'île car, sitôt que l'un d'eux goûtait à ces fruits de miel, il ne voulait plus rentrer ni donner de nouvelles. Ulysse dut les  ramener de force,
tout en pleurs, et les mettre aux chaînes, allonges sous les bancs au fond de leurs vaisseaux. Puis il fit rembarquer ses marins fidèles. Pas de retard! A bord! S’écria Ulysse, le ruse, qui craignait qu'à manger de ces fruits, les autres - les fidèles - n'oubliassent aussi le jour du retour".

Au IIIe siècle av. J.-C.  les Carthaginois occupaient Djerba qu'ils appelaient
Meninx (Bertholon1889). D'origine phenicienne, ce toponyme Meninx, qui derive du
mot "me-nages" - signifie "manque d'eau" . Le site de Meninx se situe à l'extrême
sud-est de l'Île de Djerba. Il correspond à l'actuel Henchir El Kantara. Ses vestiges
apparents s'étendent sur une longueur de deux kilomètres et une largeur maximale de
800 mètres environ.
 Tombes puniques à
Souq el Guebli au
IIIème siècle av. J.-C.
(d'aprés le Ministère
de la Culture et
l'Institut National du
Patrimoine tunisien)

Les fouilles ont permis
la découverte de
grands bassins où était
traité le murex (d'aprés
le Ministère de la
Culture et l'Institut
National du
Patrimoine tunisien)





Djerba dériverait de Girba (antique cité situé près de la forteresse et du port de
Houmt-Souk), mais d'après Ibn Khaldoun ( historien maghrébin 1331-1406, a été l'un
des premiers théoriciens de l'histoire des civilisations), elle tiendrait ce nom d'une
branche de la tribu berbère des Lemaya. Après la destruction de Carthage, les
Romains construisirent  la chaussée reliant l'île  au continent(El Kantara). A cette
époque, Girba était un  important évêché et l'île un trait d'union prospère entre
l'Afrique et l'Europe.Car, dans ses ports de Meninx, de Ghizen, de  Tipasa, de
Hadrien  s'entreposaient les marchandises les plus diverses et, en particulier,  les
fameuses pommes de l'île, avant d'être redistribuées et vendues sur les places de
grandes métropoles : Carthage, Rome, Alexandrie, Constantinople...

Djerba connut le developpement de plusieurs  activites qui faisaient  non
seulement la richesse de sa population, mais aussi sa renommee. Ainsi, au 3eme siecle
av. J.C., les Carthaginois qui connaissaient, comme leurs ancetres les Tyriens, le
murex, surent-ils utiliser ce coquillage a la chair rouge, tres abondant jardis sur l'ile,
afin d'en extraire le pourpre qui est une matière colorante rouge utilisée dans la
teinturerie des tissus. D'ailleurs, la cape de pourpre de Djerba, symbole de la dignite,
fut longtemps reservee et portee uniquement par les empereurs et les hauts dignitaires
theocrates et aristocrates.

Moyen Age :
Au VIIe siècle les Byzantins succédèrent aux Romains.. En 665, Djerba fut
conquise par les Arabes qui en chassèrent les Byzantins et convertirent les Berbères à
l'islam. Il y aurait eu alors, d'après certains auteurs, un important brassage génétique.

Les Musulmans venus en Afrique du Nord avec la conquête arabe au VIIe siècle
étaient "orthodoxes". Au  IXe siècle, des "hétérodoxes" Kharéjites  Abadhites  (ou
Ibadites) berbères arrivèrent en masse. Au Xe siècle, le Maghreb adopta l'orthodoxie :
c'est- t-à-dire la doctrine professée par l'une des quatres écoles juridiques reconnues,
à savoir le Malékisme, le Hanafisme, le Chafiisme et le hanbalisme. Les Abadhites
se dispersèrent et se retirèrent dans des endroits difficiles d'accès tels que le Mzab (en
Algérie), le Jebel Nefoussa (en Libye) et Djerba.
L'islamisation n'atteignit pas certains Juifs qui se concentrèrent dans les deux
villages d'Essawani et Erriadh (ex Hara Kebira et Hara Seghira) au nord de l'île. D'où
et quand étaient-ils venus ? On ne saurait le dire avec précision car il n'y a aucun
vestige ou document écrit appuyant la tradition orale (unique source pour le
moment). Celle-ci véhicule plusieurs versions dont la plus répandue rapporte que les
Juifs seraient arrivés  lors de la destruction  du Temple de Jérusalem par
Nabuchodonosor en 586 av. J.-C. Ils auraient sauvé certains manuscrits des Tables de
la Loi et auraient emporté des pierres du Temple sur lesquelles fut élevé le sanctuaire
de la ghrîba devenu lieu de pèlerinage pour les Juifs du monde entier. Plus tard (au
XVe siècle), des Juifs expulsés d'Espagne par les Rois Catholiques arrivèrent en
Tunisie et quelques uns d'entre eux s'installèrent à Djerba, plus particulièrement à
Hara Kebira.
 Les ruines de
Jamaa Gmir Dans
la partie sud-est de
l'Île ( 11 éme siècle)

L'arc central
de la mosquée
de Jamaa Gmir
(une vue
d’intérieur )













Pendant des siècles, l'île fut harcelée par les attaques et les agressions
permanentes d'assaillants et d'envahisseurs venus de l'extérieur : les Fatimides de
Kairouan, les Bédouins de Beni Hilal, les Germains et les Normands de Sicile, les
Aragonais, les Chevaliers de Malte, les Génois,  les Espagnols en lutte  contre les
Turcs, les nomades voisins et, enfin, les corsaires dont les razzias balayèrent les cotes
de l'île, a partir du 14eme jusqu'a la fin du 18eme siècle. Cet épisode douloureux fut
le plus meurtrier de toute l'histoire de Djerba, pourtant riche en évènements tragiques.
Au XVIe siècle, les Jerbiens se rebellèrent contre le Pacha turc.
Au XVIIe siècle, l'île obéissait à la Régence de Tunis. Au XVIIIe siècle,
Tunisiens et Tripolitains se disputèrent Djerba. Les Tunisiens l'emportèrent et l'île
devint le terminus des caravanes et un gros marché d'esclaves. Au XIXe siècle, après
l'abolition de l'esclavage, ce marché s'installa à  Tripoli. En 1881, le protectorat
français s'établit sur la Tunisie, jusqu'à l'indépendance en 1956. Au début des années
soixante, le tourisme commença à se développer. Il semblerait donc après ce survol
du passé, que pas moins de 18 vagues de migration se soient succédées à Djerba.

Epoque contemporaine :
De nos jours, on rencontre à Djerba des Musulmans (Arabes, Berbères et Noirs)
orthodoxes et hétérodoxes ainsi que des Juifs. On y rencontrait aussi  (selon les
dernières sources datant de 1967) des Maltais, des Français, des Italiens et des Grecs.
Les Noirs seraient les descendants d'esclaves amenés du Soudan ou du Niger ; ils
résident surtout dans le nord-est de l'île, dans le secteur de Midoun. Les Musulmans
orthodoxes sont soit Hanéfites (d'origine turque), soit Malékites (les plus nombreux)
descendant d'Arabes venus du continent (peut  être des Hilaliens) et,  dans une
moindre proportion, de Kharéjites convertis.











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