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mardi 8 février 2011

Art de vivre a Djerba

Mariages traditionnels
Djerba possède des traditions très variées134 dont plusieurs se maintiennent comme par exemple les mariages traditionnels qui se célèbrent sur plusieurs journées et comptent plusieurs cérémonies135
Généralités
Les distractions étant rares, les mariages qui se célèbrent surtout en été sont attendus, particulièrement chez les malékites pour lesquels il représente une occasion de défoulement, notamment pour les femmes. Chez les Djerbiens de rite ibadite, les mariages sont plutôt austères, souvent sans danse voire sans musique


Les cérémonies du mariage traditionnel sont nombreuses137. Dans la ville de Houmt Souk, la hejba est la première d’entre elles. À partir de ce jour, la future mariée cesse de sortir de chez elle pendant un certain temps (une semaine à un mois voire plus), en grande partie pour se protéger du soleil138, la peau blanche étant l’un des principaux critères de beauté à Djerba. Lors de cette cérémonie, la dot est payée au père de la mariée et servira principalement à l’achat du trousseau de celle-ci, y compris des couvertures en laine, de matelas, etc. Par ailleurs, plusieurs zaouïas sont visitées, où des bougies sont allumées. Mais c’est durant la semaine même du mariage que les cérémonies et les festivités se multiplient. Les familles des deux futurs époux organisent des festivités séparées et ce n’est qu’à l’aube du septième jour que ces familles se rencontrent pour fêter le dernier jour (traditionnellement un vendredi) ensemble. Les cérémonies pour femmes sont animées par des musiciennes et, en général, les hommes n’y accèdent pas. En revanche, les femmes, autrefois voilées en majorité, peuvent accéder aux soirées musicales organisées pour les hommes. En plus des musiciens locaux (autrefois en majorité noirs)97, les Djerbiens font appel aux musiciens des îles Kerkennah, dont le folklore est proche du leur139, et parfois à ceux de Ghomrassen (appelés toualeb).

Les invités apportent en cadeau des œufs frais140 et de l’argent aux mères des futurs époux. Note est prise de ces cadeaux — que l’on appelle hourem ou haouram — afin qu’au moins l’équivalent soit offert en retour.
Déroulement
À Houmt Souk, à l’occasion du premier des sept jours du mariage, les invitations (tahdhir) sont lancées par l’intermédiaire des haddharat habillées, maquillées et parées de bijoux ; les familles visitées leur offrent à manger ainsi que de l’argent. Ce même jour, la zammita141 du mariage est préparée au son de chants traditionnels et de youyous.
D’autres cérémonies suivent dont la henna sghira (quatrième jour du mariage) : des enfants de familles proches habillés en adultes (les fillettes maquillées et parées de bijoux traditionnels) sont reçus par les parents de la future mariée ; ils apportent une bague dissimulée dans du henné en feuilles qu’un petit garçon enfile dans l’annulaire de la mariée. Sa famille offre à ces enfants à manger, ainsi que des cadeaux et des œufs durs colorés. La soirée est dédiée à la tatrifa : après les chants et danses, une proche parente du futur époux applique du henné à la mariée, au rythme de chants traditionnels et de youyous et à la lumière de bougies tenues par de jeunes femmes récemment mariées (appelées saddarat), parées d’habits et bijoux traditionnels réservés aux mariées.

Le lendemain soir, la henna kbira a lieu chez le marié : un yahni142 est servi aux invités et des cadeaux envoyés à la mariée. Un couffin plein de produits de maquillage traditionnel (gouffat el henna), d’encens, des bijoux, un r'dé que la mariée portera pour la jeloua et un beskri143 sont amenés, en principe, à cheval par un homme adulte, de préférence noir, accompagné de proches parentes du marié. Le marié est habillé par ses amis à la lumière de bougies et au son de musique. Une cérémonie particulière à l’île (qui aurait des origines païennes), la berboura, a alors lieu : le marié, abrité par un beskri et accompagné par ses proches parentes et ses amis, rend une visite rituelle à un olivier d’où il détache un rameau avec lequel il frappe symboliquement ses amis célibataires144.



Le jour suivant, le contrat de mariage est signé et une cérémonie féminine de coiffure a lieu chez la mariée (bambar). Par le passé, les cheveux de la mariée étaient coiffés en fines tresses assemblées en deux tresses tombant le long de son visage. Des pièces rondes en or appelées mahboub145,146 étaient appliquées sur ces tresses147. Avant le bambar, les parents de la mariée offrent un yahni à leurs invités. Après une soirée de musique et de danse, la mariée est portée chez son mari, à dos de chameau, dans la jehfa (sorte de baldaquin orné de tentures)148, accompagnée de ses invités et de musiciens en costume traditionnel jouant du tabl et de la ghita97 et dansant tout au long du trajet alors que son trousseau est porté par d’autres chameaux149,150. Une fantasia (course de chevaux) est parfois organisée lors du parcours151. On peut également assister à un spectacle de zgara, une danse-combat entre deux hommes armés de sabres. Dans certaines localités, la mariée ne doit arriver chez son époux qu’à l’aube pour le dkhoul152. Un œuf dur est partagé entre les deux époux et une jarre est cassée au moment où ils s’isolent. Dans certains villages, une cérémonie appelée le derdek a lieu

La jeloua a lieu le lendemain et consiste en un après-midi de chants et de danses animé par des musiciennes traditionnelles, en majorité noires, appelées chouachan. En fin d’après-midi, habillée en r'dé et parée de bijoux154, la mariée est portée sur un coffre (autrefois réservé à son trousseau) par son frère aîné. Face au soleil, un rituel a lieu au cours duquel son visage est montré aux invités à intervalles par la maquilleuse (zaiana, en principe noire) qui baisse et soulève le boundi155 au rythme de youyous alors que la mariée garde les yeux fermés. Des pièces de monnaie et des bonbons sont lancés par les frères et les oncles de la mariée qui se succèdent à sa gauche sur le coffre alors que la zaiana se tient à sa droite. Le tout s’achève au coucher du soleil, lorsque le marié tourne le boundi sur la tête de la mariée sept fois puis le retourne sur l’autre face. Le troisième jour après le mariage (ethalath), les parents de la mariée rendent visite à leur fille qui s’habille en melhafat zouizat. Le contenu d’un grand couffin de fruits secs et de bonbons typiques156 (gouffat ezraraa) est partagé entre les deux familles. La dernière cérémonie (essboua) a lieu quatre jours après. La mariée peut y attacher pour la première fois son beskri avec une broche centrale (au lieu des deux broches qu’elle a portées sur les côtés depuis le commencement du mariage). Elle enjambe un récipient contenant du poisson frais et travaille la semoule pour le couscous au poisson (cousksi el khouatem) qui sera offert aux invités.

Il est à noter qu’à Djerba, le poisson est considéré comme un porte-bonheur qui conjure le mauvais œil125. Ce jour-là, le marié invite les parents et amis mâles qui auront le droit de rencontrer sa femme à l’avenir. Ceux-ci baisent la main de la mariée et lui offrent de l’argent.


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