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vendredi 27 août 2010

Le mariage Djerbien

Le mariage entre communautés
Le henné
Le mariage traditionnel à Djerba associe fête religieuse et traditionnelle sans aucune
contradiction. Mais cette union contractée entre un homme et une femme doit se faire dans la même
communauté, ce qui veut dire que tous les deux soient nés de parents Djerbien, appartiennent au
même rite religieux et à la même couleur. On constate peu de mariage mixte à Djerba, et habiter à
Djerba ne suffit pas pour être Djerbien.

- Les femmes noires de Jerba ne se marient qu’au sein de leur communauté de couleur, même à
l’extérieur de Jerba, alors que les Noirs de sexe masculin se marient également avec des Blanches.
- Il y a plus de femme berbère qui se marient avec des arabes Djerbiens que des hommes berbères.
Le mariage traditionnelle
La plante du henné
Le mariage traditionnel à Djerba est riche en évènement et en symboles. Il est plus que l’union
de deux individus, il unit deux maisons au sens d’unité domestique. Tout au long du déroulement de
cette cérémonie on observe deux lieux de fêtes, deux rituels planifiés à des moments et des jours
bien précis. Les maisons des futurs époux sont mises en relation tout au long du déroulement du
mariage par un échange d’objets qui représentent un dialogue symbolique et codifié. Ces dons
(sucres, oeufs, henné…) sont échangés en paire ce qui symbolise l’union de deux familles, mais
malheureusement souvent il y a rivalité et surenchère d’une famille à une autre.
Parmi le langage des signes que les deux maisons peuvent échanger, c’est que la famille de la
future épouse envoi un enfant qu’on appelle «sabeg rezgou», cet enfant symbolise l’innocence et la
baraka que la femme apportera au foyer de son futur mari, et l’oeuf qu’il accrocha dans un coin de la
chambre des futurs époux symbolise la fécondité.
L’échange du henné, plante de la joie, lors du déroulement du mariage semble être un élément
essentiel. Les femmes principales utilisatrices du henné se nourrissent de croyances populaires, elles
y puisent la force et le courage afin d’affronter les changements du foyer. Le henné est aussi un lien
magique qui les protège, les aide et leur apporte le rêve. Les femmes en particulier, ont différentes
raisons de se protéger contre le mauvais oeil, la vengeance, la jalousie etc..
Le henné est appliqué sur les mains et les plantes des pieds, avec des formes géométriques tel
que le cercle (symbole de l'absolu), le carré, le losange (symbole de féminité chez les berbères). Et
aussi des formes faisant référence à quelques animaux comme le poison (signe d’abondance, de
fécondité, de sérénité), le serpent (représente chez les berbères la continuité de la relation entre
l’homme et la femme et représenté par des traits parallèles ou sinusoïdal continus).
La jeune mariée est conduite à la maison du mari, la nuit tombé, par un cortège bruyant.
Elle-même ne voit rien du trajet puisqu'elle est amenée dans un palanquin à armature de bois
d'olivier recouverte de divers voiles solidement attachés par une ceinture de tissu blanc sur le dos
d'un dromadaire : la jahfa. Ce cortège symbolise le déplacement de la femme du foyer parental vers
son nouveau foyer, durant le trajet le cortège attire l’attention en avertissant, en parlant par des
gestes et des actes chaque moment du passage d'une maison à l'autre, on entend alors des chants, des
youyous, des bruits du tambour et même parfois des coups de fusil afin d’attirer la baraka.
Les costumes traditionnels des mariés
A l’arrivée du cortège, le mari jette un oeuf au-dessus de la jahfa. Ce geste à beaucoup de
significations chez les anciens habitants de Djerba, puis que l’oeuf c’est le symbole de vie, de
fécondité, de fertilité, de renaissance et de chance. L'oeuf est, tout simplement, un synonyme de
l'indestructibilité de la vie, et la ponte régulière de la poule est un signe visible du caractère fécond
et maternel de la femme. Ce geste est souvent accompagné de chants religieux, puis la mariée est
portée par un proche qui peut être son frère ou son oncle maternel ou autre parent très proche vers
la chambre des mariés.
barboura 
tabbala
Durant le rituel du mariage, le mari est appelé sultan (roi ou chef) et son témoin wasir (ministre). Cette appellation non négligeable à une dimension politico-social, elle prépare l’époux à
sa nouvelle responsabilité, lui donne le courage d’affronter les difficultés de la vie et lui offre une
certaine indépendance familiale.
L’une des rituels le plus marquant du mariage Djerbien c’est la barboura ou bien le rite de
l’olivier sacré. Cette pratique a lieu le dernier jour du mariage en général après le couché du soleil.
Le mari est habillé en costume traditionnel blanc « El-houli », escorté par un cortège composé
d’hommes et de femmes, on entend alors des chants inspirés d’une coutume berbère lointaine et
accompagné d’un rythme de darbouka (tambour) . Arrivé à coté de l’olivier, le mari effectua alors
les sept tours du Zemati(olivier), puis l’une de ses proches arracha une branche de l’olivier et la lui
donna, ensuite le mari fouetta les célibataires qui l’entouraient et qui désiraient trouver une
partenaire. Cette branche sera gardée pendant quelques jours dans la chambre nuptiale.
tabbala 
Si on jette un regard critique sur ce rituel, on découvre que l’olivier chez les anciens habitants
de Djerba symbolise la vie et la stabilité familiale représentée par ses racines enfoncées dans le sol,
aussi synonyme de la force, puisque l’olivier défie un terrain aride pour donner richesse et
prospérité, l’olivier arbre millénaire, est aussi signe de continuité représentée par les branches
symbolisant les enfants.

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