Héritage du Moyen Âge, des forts parsèment les côtes de Djerba, témoins de son passé mouvementé ; plusieurs de ces bâtiments de l’époque médiévale furent démantelés.
Le plus grand monument historique de l’île encore en état est le Borj El Kebir, appelé aussi Borj El Ghazi Mustapha ou Fort espagnol. Situé sur la côte au nord de Houmt Souk, sa construction sur les ruines de l’ancienne cité de Girba (actuelle Houmt Souk) a été ordonnée par le souverain hafside de Tunis pour abriter sa garnison vers 139266 puis agrandi aux environs de 1450. Le 11 mars 1560, à la suite d’une défaite, le cheikh Messaoud, placé à la tête de l’île, le remet au vice-roi de Sicile, Juan de la Cerda, qui ne le conserve pas longtemps : le fort est assiégé entre le 11 mai et le 29 juillet par le corsaire Dragut appuyé par Piyale Pacha, l’assaut faisant entre 5 000 et 6 000 morts. Le caïd Ghazi Mustapha Bey, installé par Dragut pour faire de l’île une base navale67, achève entre 1560 et 1567 les travaux entrepris par l’expédition de Juan de la Cer (appartements et petite mosquée notamment). Les autorités tunisiennes déclarent le fort monument historique le 15 mars 190468 ; il est restauré ensuite et transformé en musée67. Il abrite actuellement deux zaouïas : Sidi Saad et Ghazi Mustapha dédiée à Ghazi Mustapha Bey. Il s’agit de nos jours d’un château fort « de 68 mètres de longueur et 53 mètres de largeur, les murailles [sont] hautes d’environ 10 mètres et d’une épaisseur variant entre 1,20 à 1,50 mètre »69, autrefois muni de pont-levis et entouré d’un grand fossé.
Borj El Kastil ou El Gastil est l’un des rares forts de l’époque médiévale qui ait été partiellement épargné70 ; il s’agit d’une forteresse bâtie en 1210 (ou vers 1287 d’après Kamel Tmarzizet71) par le conquistador espagnol Roger de Lauria, l’amiral de Pierre III d'Aragon, roi de Sicile ; De Lauria occupe Djerba sous les ordres de Pierre d’Aragon en 1284 et y place une forte garnison. Le fort est restauré une première fois au XVe siècle par le sultan hafside, puis à nouveau au XVIe siècle par les Ottomans et au XVIIe siècle par Hammouda Pacha Bey72. Situé à l’est d’El Kantara, il a une forme carrée d’environ 30 mètres de côté et de 10 mètres de hauteur.
Une forteresse entourée par la mer entre Terbella et El Kantara, appelée Borj El Agrab73, dispose encore de fondations solides mais de dimensions plus modestes. Construite sur les traces d’un précédent fort74, sur un plan de forme circulaire découpé en trois petites pièces, elle a été restaurée et occupée pendant des décennies par les Siciliens et les Espagnols, en particulier le Catalan Ramon Muntaner74. Une légende l’entoure : elle aurait été construite par un prince djerbien, dont l’unique enfant élevé ici pour le protéger meurt à la suite de piqûres d’un scorpion dissimulé dans une corbeille de fruits75.
Il faut aussi citer Borj Jilij, construit par Ali Ier Pacha en 1745 et achevé par Hammouda Pacha en 1795, qui se situe à la pointe nord-ouest de l’île, non loin de l’aéroport et de Mellita. Il est restauré à plusieurs reprises et se trouve placé sous le contrôle de l’armée tunisienne76.
Il existe enfin d’autres forts, modifiés déjà sous le protectorat français puis par les autorités tunisiennes après l’indépendance : Borj Aghir, construit par les Ottomans au XVIIe siècle et transformé en bâtiment des douanes puis en maison de vacances pour les jeunes71, Borj El Kantara, construit sur les soubassements de l’un des plus anciens forts de l’île et plusieurs fois rebâti ; ce dernier, restauré au XVe siècle, est utilisé comme édifice des douanes sous le protectorat français puis par le ministère de l’Intérieur après avoir été agrandi77. Par ailleurs, il existe des traces plus réduites de plusieurs autres forts dont Borj K'sar Massoud, Borj El Wasat et Borj Marsa Ajim19.
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